Le mythe de la jeune accouchée
Souvenez vous, les dernières photos que vous avez reçues, les dernières amies ou cousines auxquelles vous êtes allé rendre visite. La jeune accouchée est là, dans son lit tout blanc, son bébé dans les bras. Oh, elle a les traits un peu tirés c’est vrai, son regard n’est pas très vif, cependant elle rayonne dans sa nouvelle chemise de nuit.
Apparté : pourquoi offrir aux nouvelles accouchées une chemise de nuit ? Je me suis longuement posé la question à la naissance de la mini-Kalouette, déjà parce que je n’avais pas du tout envie d’une chemise de nuit, et puis parce que de manière générale je ne mets pas des chemises de nuit à trous chez moi, et que donc mes chemises de nuit habituelles auraient très bien pu faire l’affaire et être montrées sans honte (enfin, presque toutes). Mais donc j’ai eu une chemise de nuit, et je l’ai portée bravement, car bon tout de même c’est la tradition et on ne rigole pas avec ces choses là (et on va d’ailleurs en rire de moins en moins je pense mais j’y reviendrai sans doute à de nombreuses reprises). Ceci dit, pour Ptit Louloo, j’ai eu des Macarons Ladurée, et bien y’a pas à dire, ça vous habille une femme mieux que toutes les chemises de nuit du monde. Ceci dit, et afin de clore la digression, je crois que j’ai compris le pourquoi de la tradition. C’est un message subtil mais néanmoins extrêmement clair pour vous faire comprendre que vous n’allez plus sortir de chez vous avant de nombreuses semaines et qu’il vaudrait donc mieux se faire à la tenue chemise de nuit – jogging (espérance de propreté de chaque vêtement à proximité du bébé, entre 7 et 9 minutes). Fin de l’apparté.
La jeune accouchée est donc là, fatiguée mais rayonnante. On sent tout l’amour qu’elle éprouve pour son bébé à cet instant précis, et le sacrifice constant des nuits, du temps, des chemises de nuit propres qu’elle est prête à faire. C’est beau non ? Moi franchement ça m’émeut, et j’en verserai bien une petite larme si mes hormones ne s’étaient pas fait la malle…
Eloignons nous à présent de cette image idyllique, et rembobinons la bande quelques heures plus tôt, ou plus tard, quand la jeune accouchée se retrouvera seule avec le père de son bébé, à l’aube ou au crépuscule du 3ème jour. Ah ça, elle avait bien senti que quelque chose n’allait pas, la tension commençait à monter doucement en elle, la fatigue, les visites, l’inconfort physique, ça commençait à bien faire. Et puis soudain c’est le drame. Le mot de trop, le regard qu’il ne fallait pas, la jeune accouchée se transforme, au choix, en furie psychopathe ou en torrent de larmes, souvent les deux alternativement. Parce que déjà elle est vraiment trop fatiguée, en plus tout le monde lui a dit qu’elle avait du ventre (ceci malgré la chemise de nuit neuve, vous voyez comme les choses sont mal faites), et puis c’est pas parce qu’elle a le plus beau bébé du monde qui dort dans son lit calmement depuis 3 heures qu’elle n’a pas toutes les raisons de pleurer toutes les larmes de son corps. Et c’est avec un regard honnêtement stupéfait qu’elle regardera le père de son enfant quand il osera mentionner que peut-être, la chute d’hormones, enfin, le 3ème jour quoi… Oui, stupéfait, elle n’y avait même pas pensé.
Heureusement le 4ème jour tout va mieux, et on peut vite aller de l’avant et oublier tout ça. Au point même, de n’avoir aucun souvenir d’une quelconque baisse de moral lors du séjour en maternité pour la naissance du premier. Rha, mais suffit, ne nous laissons pas envahir par le mythe de la jeune accouchée rayonnante et sereine, regardons en face cette femme au visage ravagé, et qui n’a pas fini de pleurer c’est moi qui vous le dit. Bref, j’en appelle à toutes les bonnes volontés, répandez la bonne parole autour de vous, le 3ème jour, pour les jeunes accouchées, c’est mouchoirs en papier et macarons Ladurée à volonté !