Je hais les médecins
Enfin, ne forçons pas trop mon côté marseillais, je hais certains médecins.
Ou plutôt, il se trouve que dans ma grande malchance, les médecins que j'ai eu le plaisir de côtoyer ces derniers temps ont laissé en moi d'amers sentiments.
Mais ne généralisons pas.
Non.
Cependant, si tu es médecin et que tu me lis, prends en de la graine.
D'ailleurs ce n'est pas tant le médecin en toi que je hais (je te tutoie ne m'en veux pas, nous allons jouter l'heure n'est plus aux formalités), c'est le possesseur du savoir...
Qui répugne à le faire partager.
Comme si sa vie en dépendait.
Sa vie? son pouvoir.
Ah, le pouvoir...
J'ai fait mes deux années de philosophie en prépa sur le pouvoir, ça laisse des traces.
Ca laisse une certaine méfiance surtout à l'encontre de ceux qui l'exercent à tort et à travers.
Hier matin, je suis allée passer une radio des poumons.
Une baby-sitter pour Ptit Louloo, un bon livre pour moi, les radios c'est le pied.
Oui c'est vrai je ne respire peut-être pas tout à fait comme je devrais, mais justement je vais faire cet examen, voir un spécialiste dans quelques semaines, bref je me soigne.
Alors hop, tout le monde torse nu devant la plaque, on lève les bras, on arrête de respirer, et c'est dans la boîte.
De profil aussi, oui je me tourne pas de souci, je suis une patiente docile.
Et voilà c'est fini.
La radiologue me sourit, me dit de me rhabiller, une vraie formalité.
Je me dirige vers la petite cabine dans laquelle j'ai laissé mes habits, quand soudain
La radiologue, - Madame attendez
Kalouette, - oui?
La radiologue, - le médecin veut vous dire un mot
Kalouette, - euh, ah oui d'accord
Heink? mais pourquoi elle me rappelle? et pourquoi il veut me parler le médecin? Hein? ça y est c'est sûr j'ai un truc.
Et voilà, le ventre qui se serre, le palpitant qui s'affole, mais qu'est ce qu'il va bien pouvoir me dire le médecin???
Elles sont longues les secondes avant que le monsieur en blouse blanche daigne sortir de sa cachette pour me dire un mot.
Et de fait, il ne me dira qu'un mot.
Médecin, - oui bonjour Madame, tout va bien hein.
Kalouette, interdite, - ...
Et il s'en va.
Super, ça valait bien le coup de me faire attendre et prendre peur pour ça...
Bon enfin il m'a dit que tout va bien, c'est quand même sympa.
Je sors de la cabine, prends mon livre, attends les radios.
Qui ne tardent pas à arriver
Je sors, mon gros dossier sous le bras.
Je sais pas vous, mais moi j'adore quand tout va bien.
Les compte rendus style : 'poumons nickel, Kalouette de compète, pourrait courir le 100 mètres en moins de 10 minutes si elle s'en donnait la peine', c'est vraiment mon truc.
Je me jette donc sur le compte-rendu à peine quelques rues plus loin, bien décidée à savourer pleinement ma bonne santé (et bonne année par la même occasion).
Et là, c'est le drame.
Parce que je ne comprends pas la moitié des mots, mais je comprends très bien que tout ne va pas 'bien'.
C'est pas la cata non plus hein, faut pas dramatiser, mais en résumé c'est plutôt une bonne nouvelle que j'aille voir un spécialiste.
J'attends un peu ou je vais tout de suite passer mes nerfs sur mon ami le médecin de tout à l'heure?
Respire Kalouette respire (c'est le cas de le dire)
Il aurait pas pu m'expliquer les résultats le monsieur au lieu de me dire 'tout va bien', en espérant sans doute que je n'allais pas lire le compte-rendu, ni paniquer, ni revenir pour me livrer sur sa personne à des voies de faits sûrement passibles d'une peine de prison?
Il aurait pas pu me dire : 'alors voilà Madame il y a 'ça' et 'ça' (ça : terme incompréhensible qui fait hyper peur au non-initié, et nom de maladie potentiellement mortelle après recherche, nous voilà rassurés), mais ne vous inquiétez un petit traitement et hop tout ira bien.
Non?
Ca lui aurait gaché sa journée de mec qui a le savoir et qui se le garde bien au chaud de m'éclairer un peu?
En plus je suis sûre que je suis injuste, il m'a dit que tout allait bien, je suis une patiente docile, je vais donc me contenter de cela et rentrer chez moi rassurée, et tant pis pour les 'ça' qui hantent mon compte-rendu...
Et si je retourne le voir et lui demande des explications, il me dira avec une condescendance que même si j'essaye très fort je n'arriverais pas à égaler si je rencontrais un jour quelqu'un d'extrêmement méprisable (genre, euh, ma prof de musique du conservatoire quand j'étais en seconde...) : "ah mais 'ça' c'est rien chère Madame, enfin voyons faut pas vous inquiéter pour 'ça'"
Grrrrrrrrrr (oui il existe des circonstances, heureusement fort rares, à l'occasion desquelles la Kalouette grogne...ce n'est en général pas très bon signe)
Des fois je rêve que je me reconvertis en contrôleur fiscal spécialisé dans les professions libérales, et que je prends une mine de circonstance pour annoncer à un médecin déconfit que 'j'ai noté des petites irrégularités dans la gestion de ses comptes, que nous allons devoir tout reprendre depuis le début mais qu'il ne s'inquiète surtout pas, les prisons françaises sont de plus en plus confortables...'
Heureusement, je hais le pouvoir encore plus que ceux qui en abusent, et ces rêves là passent très vite.
Et comme la haine n'est pas le sentiment qui me va le mieux, je garde le 'ça' et la peur qu'il engendre dans le coin d'un article de blog, prends une bonne inspiration (puisque je peux encore) et sors jouer avec mes enfants.
Ou plutôt, il se trouve que dans ma grande malchance, les médecins que j'ai eu le plaisir de côtoyer ces derniers temps ont laissé en moi d'amers sentiments.
Mais ne généralisons pas.
Non.
Cependant, si tu es médecin et que tu me lis, prends en de la graine.
D'ailleurs ce n'est pas tant le médecin en toi que je hais (je te tutoie ne m'en veux pas, nous allons jouter l'heure n'est plus aux formalités), c'est le possesseur du savoir...
Qui répugne à le faire partager.
Comme si sa vie en dépendait.
Sa vie? son pouvoir.
Ah, le pouvoir...
J'ai fait mes deux années de philosophie en prépa sur le pouvoir, ça laisse des traces.
Ca laisse une certaine méfiance surtout à l'encontre de ceux qui l'exercent à tort et à travers.
Hier matin, je suis allée passer une radio des poumons.
Une baby-sitter pour Ptit Louloo, un bon livre pour moi, les radios c'est le pied.
Oui c'est vrai je ne respire peut-être pas tout à fait comme je devrais, mais justement je vais faire cet examen, voir un spécialiste dans quelques semaines, bref je me soigne.
Alors hop, tout le monde torse nu devant la plaque, on lève les bras, on arrête de respirer, et c'est dans la boîte.
De profil aussi, oui je me tourne pas de souci, je suis une patiente docile.
Et voilà c'est fini.
La radiologue me sourit, me dit de me rhabiller, une vraie formalité.
Je me dirige vers la petite cabine dans laquelle j'ai laissé mes habits, quand soudain
La radiologue, - Madame attendez
Kalouette, - oui?
La radiologue, - le médecin veut vous dire un mot
Kalouette, - euh, ah oui d'accord
Heink? mais pourquoi elle me rappelle? et pourquoi il veut me parler le médecin? Hein? ça y est c'est sûr j'ai un truc.
Et voilà, le ventre qui se serre, le palpitant qui s'affole, mais qu'est ce qu'il va bien pouvoir me dire le médecin???
Elles sont longues les secondes avant que le monsieur en blouse blanche daigne sortir de sa cachette pour me dire un mot.
Et de fait, il ne me dira qu'un mot.
Médecin, - oui bonjour Madame, tout va bien hein.
Kalouette, interdite, - ...
Et il s'en va.
Super, ça valait bien le coup de me faire attendre et prendre peur pour ça...
Bon enfin il m'a dit que tout va bien, c'est quand même sympa.
Je sors de la cabine, prends mon livre, attends les radios.
Qui ne tardent pas à arriver
Je sors, mon gros dossier sous le bras.
Je sais pas vous, mais moi j'adore quand tout va bien.
Les compte rendus style : 'poumons nickel, Kalouette de compète, pourrait courir le 100 mètres en moins de 10 minutes si elle s'en donnait la peine', c'est vraiment mon truc.
Je me jette donc sur le compte-rendu à peine quelques rues plus loin, bien décidée à savourer pleinement ma bonne santé (et bonne année par la même occasion).
Et là, c'est le drame.
Parce que je ne comprends pas la moitié des mots, mais je comprends très bien que tout ne va pas 'bien'.
C'est pas la cata non plus hein, faut pas dramatiser, mais en résumé c'est plutôt une bonne nouvelle que j'aille voir un spécialiste.
J'attends un peu ou je vais tout de suite passer mes nerfs sur mon ami le médecin de tout à l'heure?
Respire Kalouette respire (c'est le cas de le dire)
Il aurait pas pu m'expliquer les résultats le monsieur au lieu de me dire 'tout va bien', en espérant sans doute que je n'allais pas lire le compte-rendu, ni paniquer, ni revenir pour me livrer sur sa personne à des voies de faits sûrement passibles d'une peine de prison?
Il aurait pas pu me dire : 'alors voilà Madame il y a 'ça' et 'ça' (ça : terme incompréhensible qui fait hyper peur au non-initié, et nom de maladie potentiellement mortelle après recherche, nous voilà rassurés), mais ne vous inquiétez un petit traitement et hop tout ira bien.
Non?
Ca lui aurait gaché sa journée de mec qui a le savoir et qui se le garde bien au chaud de m'éclairer un peu?
En plus je suis sûre que je suis injuste, il m'a dit que tout allait bien, je suis une patiente docile, je vais donc me contenter de cela et rentrer chez moi rassurée, et tant pis pour les 'ça' qui hantent mon compte-rendu...
Et si je retourne le voir et lui demande des explications, il me dira avec une condescendance que même si j'essaye très fort je n'arriverais pas à égaler si je rencontrais un jour quelqu'un d'extrêmement méprisable (genre, euh, ma prof de musique du conservatoire quand j'étais en seconde...) : "ah mais 'ça' c'est rien chère Madame, enfin voyons faut pas vous inquiéter pour 'ça'"
Grrrrrrrrrr (oui il existe des circonstances, heureusement fort rares, à l'occasion desquelles la Kalouette grogne...ce n'est en général pas très bon signe)
Des fois je rêve que je me reconvertis en contrôleur fiscal spécialisé dans les professions libérales, et que je prends une mine de circonstance pour annoncer à un médecin déconfit que 'j'ai noté des petites irrégularités dans la gestion de ses comptes, que nous allons devoir tout reprendre depuis le début mais qu'il ne s'inquiète surtout pas, les prisons françaises sont de plus en plus confortables...'
Heureusement, je hais le pouvoir encore plus que ceux qui en abusent, et ces rêves là passent très vite.
Et comme la haine n'est pas le sentiment qui me va le mieux, je garde le 'ça' et la peur qu'il engendre dans le coin d'un article de blog, prends une bonne inspiration (puisque je peux encore) et sors jouer avec mes enfants.