Les voyages forment la jeunesse... et, euh, fatiguent la vieillesse
Y'a pas à dire, les voyages forment la jeunesse.
Par exemple, ma Nane à moi et moi partîmes un jour sur un coup de tête (et après une année de prépa qui nous l'avait bien vidée) en Italie, sac au dos et poches presque vides. Au programme, Sienne, Fra Angelico et ses triptyques (je vous ai dit à quel point que je hais les triptyques?), des pâtes, des glaces, des Italiens et de longues siestes à paresser un livre à la main. Jusqu'au dernier soir où ayant dépensé nos dernières piécettes italiennes en friandises (je précise pour les plus jeunes de mes lecteurs que l'euro n'a pas toujours existé, avant l'Italie avait une monnaie bien à elle, la lire. Voyez comme j'aime enrichir mon public, c'est beau non?), nous réalisâmes (merci à ceux qui sont perdus de relire cette phrase depuis le début en sautant les parenthèses, qui, il faut bien l'avouer, ne sont pas toujours d'un grand intérêt, et sont même parfois handicapantes pour le confort de lecture, si vous voyez ce que je veux dire) que nous n'avions plus assez d'argent pour récupérer nos valises à la consigne, oui oui...
Tout ça pour dire que depuis j'ai mûri. J'ai deux enfants, 30 ans passés, je ne suis plus cette gamine qui oublie son dentifrice ou son passeport avant de partir en voyage.
Pensez donc (je rappelle aux mauvaises langues que la dernière fois c'est Monsieur Kaloo qui a oublié de prendre la valise de Ptit Louloo...) je suis habituée maintenant, et c'est en professionelle de l'organisation que je fais nos valises jeudi dernier.
Bon point :
- je me suis fort bien tenue en avion. Certes j'étais suspendue au regard émerveillé de la mini-Kalouette et à la déglutition de Ptit Louloo, mais quand même, je suis fière.
- nous n'avons oublié aucune valise
- nous n'avons oublié aucun médicament
Mais...
- nous avons oublié lingettes et creme pour les fesses (à force de vouloir les prendre au dernier moment)
- la boîte de Mopral que j'avais prévue pour Ptit Louloo était, euh, comme dire : vide. Je ne sais toujours pas comment j'ai pu ne pas me rendre compte que la boite était vide, alors qu'une boite de gélules fait normalement un petit bruit significatif lorsqu'on la transporte (ah qu'il est doux le chant des gélules qui se frottent joyeusement les unes contre les autres dans leur petite boite en plastique), mais passons.
Heureusement nous étions en Espagne, pays civilisé dans lequel on trouve des lingettes et des cremes dans toutes les bonnes pharmacies, et pays peu regardant sur les ordonnances puisque j'ai pu me procurer du Mopral en montrant d'une main la boite vide, de l'autre Ptit Louloo et en baragouinant avec une aisance spectaculaire, jugez vous même : "mi hijo, olvidado el medicamento. Speak English? Français? Please, le necessita el Mopral...".
Tout était donc bien qui finissait bien, comme dans tous les contes pour enfant, et alors que je prévenais notre hôtesse que nous allions sûrement oublier quelque chose chez elle, mais que bien entendu je ne savais pas encore quoi, un drame était déjà en train de se jouer, là, tout près, dans le sac de Monsieur Kaloo.
Nous partons donc, et sincèrement je n'ai pas l'impression d'avoir oublié quoi que ce soit et j'en suis assez fière. Au bout de quelques minutes nous nous arrêtons pour prendre de l'essence. Il est 15h45, l'avion est à 18 heures, nous sommes à 45 minutes de l'aéroport, le soleil brille et c'est encore un peu le week-end. Soudain, car il n'y a pas d'autre mot, l'illumination.
Aparté qui va bien: mais comment est ce possible que ça m'ait traversé l'esprit exactement à ce moment là? N'est ce pas la preuve ultime de l'existence de Dieu, le grand ordonnateur depuis des millénaires du trafic aérien mondial, je pose la question.
Kalouette, inspirée, en pleine transe, - dis Kaloo, tu peux vérifier quand même l'heure de départ du vol, j'ai un doute là.
Kaloo, - oui oui
Kalouette, sereine, - ...
Kaloo, - alors... ouh là, nan c'est pas 18 heures, c'est 17H49
Kalouette, soulagée, - ah ben ça va alors, mais on a bien fait de regarder
Kaloo, donc le débit verbal vient de tripler tout d'un coup, - non non, c'est à 17 heures, fin de l'enregistrement 16h30, aaaaaaaaaaaah
Kalouette, - aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah
Il était 15h45, nous étions à 45 minutes d'un enregistrement se terminant à 16H30, avec une voiture de location à rendre et deux enfants, ça aurait pu être pire mais ce n'était tout de même pas la fête.
Grace à la vélocité de Monsieur Kaloo, aux pleurs d'une mini-Kalouette obligée de courir (alors qu'en général elle n'a pas de pieds voyez vous) et à la bouille trop mignonne de Ptit Louloo porté par une maman échevelée et un peu hagarde, nous arrivâmes tout de même dans l'avion, et réussîmes même à avoir 3 places côte à côte sans avoir à négocier, merci encore à tous les passagers du vol Air France Barcelone Paris de 17 heures (oui, 17), mais c'était ça où on lachait les gamins dans l'avion, et ils ont tous compris que ce n'était souhaitable pour personne.
Sur ce, je crois que je vais aller me coucher, c'est plus de mon âge toutes ces émotions.
Par exemple, ma Nane à moi et moi partîmes un jour sur un coup de tête (et après une année de prépa qui nous l'avait bien vidée) en Italie, sac au dos et poches presque vides. Au programme, Sienne, Fra Angelico et ses triptyques (je vous ai dit à quel point que je hais les triptyques?), des pâtes, des glaces, des Italiens et de longues siestes à paresser un livre à la main. Jusqu'au dernier soir où ayant dépensé nos dernières piécettes italiennes en friandises (je précise pour les plus jeunes de mes lecteurs que l'euro n'a pas toujours existé, avant l'Italie avait une monnaie bien à elle, la lire. Voyez comme j'aime enrichir mon public, c'est beau non?), nous réalisâmes (merci à ceux qui sont perdus de relire cette phrase depuis le début en sautant les parenthèses, qui, il faut bien l'avouer, ne sont pas toujours d'un grand intérêt, et sont même parfois handicapantes pour le confort de lecture, si vous voyez ce que je veux dire) que nous n'avions plus assez d'argent pour récupérer nos valises à la consigne, oui oui...
Tout ça pour dire que depuis j'ai mûri. J'ai deux enfants, 30 ans passés, je ne suis plus cette gamine qui oublie son dentifrice ou son passeport avant de partir en voyage.
Pensez donc (je rappelle aux mauvaises langues que la dernière fois c'est Monsieur Kaloo qui a oublié de prendre la valise de Ptit Louloo...) je suis habituée maintenant, et c'est en professionelle de l'organisation que je fais nos valises jeudi dernier.
Bon point :
- je me suis fort bien tenue en avion. Certes j'étais suspendue au regard émerveillé de la mini-Kalouette et à la déglutition de Ptit Louloo, mais quand même, je suis fière.
- nous n'avons oublié aucune valise
- nous n'avons oublié aucun médicament
Mais...
- nous avons oublié lingettes et creme pour les fesses (à force de vouloir les prendre au dernier moment)
- la boîte de Mopral que j'avais prévue pour Ptit Louloo était, euh, comme dire : vide. Je ne sais toujours pas comment j'ai pu ne pas me rendre compte que la boite était vide, alors qu'une boite de gélules fait normalement un petit bruit significatif lorsqu'on la transporte (ah qu'il est doux le chant des gélules qui se frottent joyeusement les unes contre les autres dans leur petite boite en plastique), mais passons.
Heureusement nous étions en Espagne, pays civilisé dans lequel on trouve des lingettes et des cremes dans toutes les bonnes pharmacies, et pays peu regardant sur les ordonnances puisque j'ai pu me procurer du Mopral en montrant d'une main la boite vide, de l'autre Ptit Louloo et en baragouinant avec une aisance spectaculaire, jugez vous même : "mi hijo, olvidado el medicamento. Speak English? Français? Please, le necessita el Mopral...".
Tout était donc bien qui finissait bien, comme dans tous les contes pour enfant, et alors que je prévenais notre hôtesse que nous allions sûrement oublier quelque chose chez elle, mais que bien entendu je ne savais pas encore quoi, un drame était déjà en train de se jouer, là, tout près, dans le sac de Monsieur Kaloo.
Nous partons donc, et sincèrement je n'ai pas l'impression d'avoir oublié quoi que ce soit et j'en suis assez fière. Au bout de quelques minutes nous nous arrêtons pour prendre de l'essence. Il est 15h45, l'avion est à 18 heures, nous sommes à 45 minutes de l'aéroport, le soleil brille et c'est encore un peu le week-end. Soudain, car il n'y a pas d'autre mot, l'illumination.
Aparté qui va bien: mais comment est ce possible que ça m'ait traversé l'esprit exactement à ce moment là? N'est ce pas la preuve ultime de l'existence de Dieu, le grand ordonnateur depuis des millénaires du trafic aérien mondial, je pose la question.
Kalouette, inspirée, en pleine transe, - dis Kaloo, tu peux vérifier quand même l'heure de départ du vol, j'ai un doute là.
Kaloo, - oui oui
Kalouette, sereine, - ...
Kaloo, - alors... ouh là, nan c'est pas 18 heures, c'est 17H49
Kalouette, soulagée, - ah ben ça va alors, mais on a bien fait de regarder
Kaloo, donc le débit verbal vient de tripler tout d'un coup, - non non, c'est à 17 heures, fin de l'enregistrement 16h30, aaaaaaaaaaaah
Kalouette, - aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah
Il était 15h45, nous étions à 45 minutes d'un enregistrement se terminant à 16H30, avec une voiture de location à rendre et deux enfants, ça aurait pu être pire mais ce n'était tout de même pas la fête.
Grace à la vélocité de Monsieur Kaloo, aux pleurs d'une mini-Kalouette obligée de courir (alors qu'en général elle n'a pas de pieds voyez vous) et à la bouille trop mignonne de Ptit Louloo porté par une maman échevelée et un peu hagarde, nous arrivâmes tout de même dans l'avion, et réussîmes même à avoir 3 places côte à côte sans avoir à négocier, merci encore à tous les passagers du vol Air France Barcelone Paris de 17 heures (oui, 17), mais c'était ça où on lachait les gamins dans l'avion, et ils ont tous compris que ce n'était souhaitable pour personne.
Sur ce, je crois que je vais aller me coucher, c'est plus de mon âge toutes ces émotions.